17 septembre 2016

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] L’infaillibilité de l’Eglise

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 17 septembre 2016

Aux Papes conciliaires je dois « désobéir », / Mais qu’Ils ne soient pas Papes, je n’ai pas besoin de le dire.
De la terre au Ciel montent les problèmes. Du Ciel à la terre descendent les solutions. Pour maint problème catholique, il suffit de l’élever en haut pour entamer sa solution. Un exemple classique est celui des Papes conciliaires, un problème auquel depuis 2013 nous faisons face comme jamais auparavant, au moins si brutalement. De toute façon il s’agit d’un mystère, mais si nous ne montons pas assez haut, nous succomberons à l’une ou l’autre de deux tentations classiques : soit il est Pape et alors je dois obéir, soit je ne puis obéir et donc il n’est pas Pape. Mais si je monte de l’humanité du Pape à la divinité de l’Église, je me rends compte que la soi-disant infaillibilité papale est plutôt l’infaillibilité de l’Église, ce qui laisse bien plus de place pour que ce Pape-ci ou ce Pape-là, ou même tout une série de Papes, soit moins que satisfaisant. Allons directement à la définition de l’infaillibilité papale de 1870, définition elle-même infaillible. Voici le texte, orné de quelques mots en gras et de quelques chiffres :—

Nous enseignons et déclarons que cela est un Dogme divinement révélé que le Souverain Pontife, lorsqu’Il parle ex cathedra , c’est-à-dire lorsqu’Il remplit sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, et 1 . en vertu de sa suprême autorité apostolique, 2 . définit3 . une doctrine concernant la Foi ou les Mœurs, 4 . qui doit être tenue par toute l’Église, en vertu de l’assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, il jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église lorsqu’elle définit la doctrine sur la Foi et les Mœurs, et que par conséquent ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. – Concile Vatican I, Sess. IV, Const. De Eccelia Christi, Chapitre iv.
   
Dans ce texte, on voit clairement les quatre conditions célèbres pour qu’un Pape parle de manière infaillible, mais on voit aussi, tout de suite après, les deux mots en gras qu’on ne semble pas souvent remarquer, mais qui montrent très clairement d’où provient l’infaillibilité papale : elle ne vient pas de lui mais de l’Église. Utilisons une comparaison de tous les jours aujourd’hui, celle d’une femme de ménage qui branche son fer électrique à la prise. Pour que le fer soit chauffé, elle doit le brancher à la prise, mais l’électricité qui réchauffera le fer ne vient pas d’elle-même, bien sûr, mais de la centrale locale.

Pour qu’une définition papale soit infaillible, le Pape doit brancher les quatre conditions à l’Église, pour ainsi dire, et Il est la seule personne sur terre à pouvoir le faire, raison pour laquelle on parle de « l’infaillibilité papale », mais la protection infaillible contre l’erreur qu’Il obtient ainsi ne provient pas de lui-même mais de l’Esprit-Saint à travers l’Église, un peu comme l’électricité ne provient pas de la femme de ménage mais de la station locale à travers la prise de courant. Et comme à la femme de ménage on peut attribuer toute sorte de qualités personnelles comme de défauts sans que ceux-ci ne fassent aucune différence à la chaleur de son fer tant qu’elle le branche à la prise, de même le Pape peut être un saint ou beaucoup moins qu’un saint, mais dès qu’il est dûment élu ou mis en place, au moment où Il engage les quatre conditions, sa définition sera nécessairement libre d’erreur.

Cela signifie que lorsque le Pape n’engage pas ces quatre conditions, à strictement parler, il peut dire n’importe quoi comme tout le monde, sans que l’Église, elle, ne cesse d’être infaillible. De fait, son Infaillibilité Ordinaire est beaucoup plus importante que l’Infaillibilité Extraordinaire des définitions papales, comme des Commentaires précédents ont essayé d’illustrer à l’aide d’une autre comparaison familière, celle d’une montagne et son sommet de neige éternelle (voyez CE 343 et 344 du 8 et 15 février 2014). Le sommet enneigé assure à la montagne une plus grande visibilité, mais pour être vu là où il est vu, il dépend totalement de la masse de la montagne qui le soutient. Ainsi, dès qu’on prend le problème d’assez haut, il n’est plus si important pour l’Église que les Papes conciliaires aient perdu la raison. On peut certes souffrir ici-bas de Papes faillibles, mais notre Mère l’Église demeure sereinement infaillible.

Kyrie eleison.